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Incendies en Australie et changement climatique

Depuis des mois, l'Est de l'Australie est ravagé par des feux de brousse colossaux et incontrôlables attisés par une vague de chaleur historique. Philippe Bousquet, enseignant-chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (LSCE - CEA/CNRS/UVSQ) revient sur ces événements.

le 3 février 2020

Publié dans La lettre de la recherche n°57
1/ Selon vous, en quoi les incendies en Australie sont-ils liés au changement climatique (et inversement) ? 
« Les causes premières des incendies en Australie sont des causes naturelles, telles que des températures très élevées approchant les 50 degrés dans certaines zones et une sécheresse prononcée, auxquelles s'ajoutent des vents violents et un type de végétation particulier comme l'eucalyptus qui émet des huiles en brûlant. Cet ensemble représente un contexte favorable aux feux. 
Le changement climatique accentue la sécheresse et les températures élevées et constitue un facteur aggravant de ce contexte naturel. On peut aussi évoquer, parmi les causes naturelles, les zones orageuses générées en aval des feux intenses et dont les éclairs entrainent des départs de feux supplémentaires ».
 
2/ Quels sont aujourd'hui les facteurs majeurs du changement climatique ? 
« Aujourd'hui, on sait que les activités humaines constituent le facteur majeur du changement climatique. Les premiers rapports du GIEC* (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) au début des années 1990 en parlaient déjà comme l'une des causes, mais 30 ans après, il est confirmé que c’est bien l'émission des gaz à effets de serre liées aux activités humaines qui est le la cause principale de l’augmentation des températures. C'est scientifiquement observé et démontré ! 
On distingue quatre groupes principaux de sources de gaz à effet de serre anthropogénique qui varient selon les pays : les activités industrielles et la production d'énergie ; le transport ; les secteurs de l’agriculture et des déchets ; les activités liées à l'habitat et aux activités tertiaires. Que ce soit par le gaz carbonique, le méthane, le protoxyde d’azote ou les composés à base de chlore, on constate une augmentation de l’effet de serre à l'échelle planétaire qui cause l’augmentation observée de long terme de la température moyenne de notre planète ».
 
3/ En quoi le journalisme scientifique et plus particulièrement spécialisé autour des sciences du climat présente un enjeu qu'il faut prendre en compte ?
« Dans les grands médias, depuis une vingtaine d'années, il existe des pages dédiées au climat et à l'environnement. Or, pour que le climat soit pris en compte, il faudrait au contraire l'intégrer en tant que paramètre dans tous les domaines et toutes les décisions comme la construction, les lois et règlements, les projets culturels, par exemple. En prenant en compte le coût climat et environnemental.
Initié avec Gilles Ramstein et désormais repris par Bruno Lansart, le Master Climat et médias a pour objectif d’intégrer les questions climat et environnement dans le traitement de l’information de tous les secteurs : politique, économie, sociétal, etc.
Par ce master, nous souhaitons fournir de vraies notions liées à la dimension climat et environnement aux journalistes généralistes afin qu'ils puissent l'intégrer dans leur traitement de l’actualité. 
Comme il s'agit d'une formation en ligne à base de vidéos et d’interactions avec une équipe pédagogique mixte chercheurs/journalistes, nous essayons d’inclure le plus possible des journalistes de pays francophones en développement, comme l'Afrique francophone ou Haïti et espérons à terme obtenir des bourses des agences de la francophonie ». 
 
Informations complémentaires
En savoir plus
*Plusieurs chercheurs du LSCE tels que Philippe Bousquet, Valérie Masson-Delmotte, François-Marie Bréon, Nathalie de Noblet, Sophie Szopa, et Jean Jouzel sont membres du GIEC et ont participé ou dirigé le rapport rendu régulièrement aux gouvernements.