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Jean Jouzel : agir pour lutter contre le changement climatique

le 13 octobre 2022

Publié le 13 octobre 2022

Jean Jouzel participait à la Fête de la Science à l’OVSQ et a répondu aux questions du public après la projection du documentaire "Jean Jouzel, dans la bataille du siècle" de Brigitte Chevet. Un moment instructif.

Dans le public présent ce matin du 11 octobre 2022 dans l’amphi Gérard Mégie de l’Observatoire de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (OVSQ), devant Jean Jouzel qui travaille sur la thématique du climat et du changement climatique, un parterre de curieux : scientifiques ou non, étudiants, lycéens et collégiens. Les questions s’enchainent, toutes plus intéressantes les unes que les autres. Pour Jean Jouzel, directeur de recherche émérite CEA au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE-UVSQ/CEA/CNRS/IPSL), ancien directeur de l'Institut Pierre Simon Laplace (IPSL) et Président de Météo et climat, association reconnue d’utilité publique, communiquer est essentiel. 

Mettre les résultats scientifiques au niveau du grand public s’avère indispensable pour que tout le monde puisse prendre conscience des enjeux du changement climatique et de la nécessité d’agir. En effet, l’étude des climats passés est utile pour comprendre les climats futurs. Le documentaire projeté et daté de 1987 illustre parfaitement la prise de conscience du réchauffement climatique.

Selon le chercheur, si la politique gouvernementale actuelle est satisfaisante dans les textes – limitation à 1.5 degré et objectif neutralité carbone en 2050 – le problème réside dans la mise en œuvre des actions. A l’aube de 2030, on annonce deux fois trop d’émissions pour rester sur la trajectoire fixée. Alors que l’objectif neutralité carbone a été exprimé depuis le protocole de Kyoto signé en décembre 1997 et entré en vigueur en 2005, et visait à réduire les émissions de six gaz à effet de serre.

Selon le rapport RTE, gestionnaire du Réseau de Transport d'Electricité français, nous avons pris du retard en France en termes d’énergie et n’avons pas tenu nos engagements en matière de développement d’énergies renouvelables.
La crise énergétique que nous vivons aujourd’hui en est la conséquence et se trouve accentuée par la guerre actuelle entre la Russie et l’Ukraine. Concernant la sobriété énergétique à laquelle nous sommes incités, elle est inscrite dans l'objectif bas carbone.

« Je ne crois pas que l’on parviendra à atteindre l’objectif de 40% d’énergies renouvelables d’ici 2030, comme l’a adopté le Conseil de l’UE », insiste le chercheur. 

Responsable de groupes de travail et rédacteur à plusieurs reprises du rapport du GIEC, Jean Jouzel répond aux climato-sceptiques que, « certes, le climat a toujours évolué, mais depuis l’après 2de guerre mondiale, les activités humaines prennent le pas sur la variabilité naturelle. Le rapport du GIEC est très clair à ce sujet. On a gagné 1.1 degré depuis la fin du XIXe siècle, et de façon certaine, cette augmentation est liée à l’activité humaine ».

« Jusqu’où peut-on aller pour ne pas dépasser nos capacités d’adaptation ? »
Dans le rapport spécial du GIEC de 2018, Valérie Masson-Delmotte, chercheuse CEA climatologue au LSCE, confirme que nous limiterons le réchauffement climatique à +1.5 degré si nous parvenons à l’objectif de neutralité carbone en 2050. Les conséquences du réchauffement climatique s’illustrent par des épisodes climatiques extrêmes : vagues de chaleur – 50 degrés en Inde-, sécheresse, pluies torrentielles entrainant des inondations et des glissements de terrains comme on a pu le constater récemment, comme cet été au Pakistan. Les populations des villes et des campagnes doivent s’adapter. On parle alors de résilience. Végétaliser les villes, adapter les cultures, l’agriculture, repenser les régions côtières pour ne pas reproduire les erreurs passées. Mais il ne faut pas aller au-delà de nos capacités d'adaptation.

Les jeunes générations sont doublement concernées puisqu’elles le sont d’une part par l’inaction et le seront, d’autre part, par les conséquences climatiques difficiles. « On s’oriente davantage vers +3 degrés. Alors, j’incite à l’action », martèle le climatologue.
Dans sa vie quotidienne – mobilité, domestique, alimentation -, il faut s’appliquer à lutter contre le réchauffement climatique. Adopter les meilleurs comportements pour se déplacer, se loger, se nourrir. Il s’avère nécessaire de changer profondément le fonctionnement de la société. Le réchauffement climatique représente une menace pour nous et la nature. Or, le capitalisme ne s’en préoccupe pas.

« C’est l’action citoyenne que nous devons développer. Les propositions citoyennes sont très pertinentes. Je vous invite à les consulter », conclut Jean Jouzel.

Jean Jouzel 11 octobre 2022 OVSQ public